HUD, tracker, datamining: l’usage d’un tracker au poker procure-t-il un réel avantage aux joueurs?

Les outils d’aide à la décision n’ont jamais été aussi sophistiqués, allant chercher l’information la plus pertinente (grâce au ‘datamining’) et vous la présentant à l’écran dans une fenêtre (HUD). Véritables compléments à votre logiciel de poker, ces trackers sont pourtant aujourd’hui controversés, à la fois par les joueurs (du moins par ceux qui n’en sont pas équipés) et par les opérateurs. Si rien n’est fait pour en réguler l’usage, ils pourraient bien devenir, à terme, une menace pour l’équité du jeu en ligne. Mais les trackers apportent-ils un réel avantage aux joueurs qui en sont équipés ?

C’est quoi un HUD, un tracker de poker ? Que veut dire ‘Datamining’ ?

Un tracker de poker est un logiciel qui vous communique, en temps réel, de multiples informations sur votre jeu en ligne et surtout sur celui de vos adversaires. Les plus connus portent le nom de Hold’em Manager, Poker Tracker, Sharkscope, PokerOffice ou encore PokerTableRatings.

Tous ces trackers procèdent plus ou moins de la même façon en enregistrent les mains jouées (les votres comme celles de vos adversaires) dans une immense base de données. Pour vous restituer les très nombreuses informations emmagasinées (votre style de jeu comme celui de vos concurrents, mais également vos probabilités de gain en fonction de vos cartes privatives et de celles du tableau,..) ces trackers font appel à des techniques mathématiques très sophistiquées qui utilisent des technologies dite de ‘datamining’, technologies que l’on retrouve dans de très nombreux secteurs de l’industrie (pétrole, médecine, industrie atomique ou spatiale,..). Le but de ces techniques est de trouver la pépite d’or (l’info qui vous est affichée sur votre écran) dans une mine de données hétéroclites, d’ou le nom anglo-saxon de ‘datamining’.

L’affichage de l’info trouvée se fait sur votre terminal, dans une petite fenêtre que l’on appelle HUD, un autre terme anglo-saxon qui signifie ‘Head Up Display’ ou ‘Affichage Tête Haute’ et qui nous vient cette fois de l’aviation, mais qui commence a se répandre dans l’industrie automobile (affichage sur votre pare-brise des paramètres critiques comme votre vitesse ou la distance du véhicule qui vous précède)

Voilà, inutile de vous dire que ces outils d’aide à la décision ne sont pas de simples gadgets, puisqu’ils font appel au meilleur de la technologie de l’information. Il n’est donc pas étonnant que ces trackers soient facturés, après une période d’essai gratuite. De plus, ne soyez pas étonnés de ne pas les trouver sur votre smartphone ou même votre iPad, bien incapables d’apporter la puissance de calcul nécessaire pour faire tourner ces logiciels, gourmands en ressources systèmes.

Les tentatives des salles de poker pour limiter l’usage des trackers.

A notre connaissance, c’est la salle Bodog (non accessible en France) qui a été la première salle à lancer l’idée, fin 2011, d’interdire l’usage des trackers sur son site de poker. Ou plus exactement, en remplaçant les pseudonymes et les avatars par de simples numéros, Bodog a tout simplement rendu impossible la collecte de données: le datamining, et donc la restitution d’informations pertinentes aux joueurs. L’objectif affiché de Bodog est de permettre un jeu ‘équitable’, en assurant à ses joueurs l’absence totale d’information sur les ‘reads’ des participants à la table. L’anonymat total aux tables a cependant des inconvénients: comment repérer les collusions éventuelles entre 2 comparses?

En Avril 2012, c’est PokerStars, le n°1 mondial, qui prenait des dispositions à l’encontre de PokerTableRatings.com, un tracker qui a la particularité d’enregistrer toutes les mains jouées par tous les joueurs, sur toutes les salles, dans toutes les variantes et pour toutes les limites.

Cependant, il faut noter que PokerStars continue de tolérer l’usage de Sharkscope (spécialisé sur les tournois), sauf pendant l’ouverture du logiciel de jeu. Il faut préciser que Sharkscope ne vous restituera des informations sur vos adversaires que si vous acceptez que votre propre style de jeux soit également analysé par le tracker.

Alors, posséder un tracker procure t-il aux joueurs de poker en ligne un réel avantage?

La réponse n’est pas si simple car tout dépend de l’usage qui en est fait, de la stratégie de jeux de vos adversaires et de votre propre stratégie. Attention également de ne pas faire une confiance aveugle à ces outils, car ils se basent sur un comportement prédictible, nécessitant l’analyse d’un millier de mains au minimum pour être fiable. Que se passera-t-il si votre adversaire change subitement de stratégie ?

De notre point de vue, le tracker est surtout utile pour comprendre son propre style de jeu : votre VPIP (Voluntarily Put Into Play, indiquant le pourcentage de mains jouées volontairement), votre Agression Factor, votre fréquence de 3bet preflop,..

C’est en vous connaissant mieux vous-même, que vous arriverez à adopter la stratégie gagnante à chaque partie.
Si vous hésitez à acquérir un tracker, la meilleure solution est de profiter des périodes d’essai gratuites qui s’échelonnent d’un quinzaine de jours (Hold’em Manager) à une soixantaine de jours (Pocker Tracker). A l’issue de ces périodes d’essai, vous seul serait en mesure d’évaluer si l’usage d’un tracker vous procurera un réel avantage sur le long terme.